Patrimoine de l’église de Palau (Gothic heritage)

C’est l’activité verrière du village qui a contribué à doter l’église paroissiale d’œuvres d’arts de qualité. Aujourd’hui cette église renferme deux magnifiques retables gothiques et un de la première renaissance ainsi que de nombreux autres trésors. C’est un des hauts lieux du gothique et de la renaissance catalane. Les articles qui vont suivre ne pourront pas  rentrer dans les détails stylistiques, historiques où anecdotiques de chacune de ces œuvres qui sont toutes classées ”monument historique”. Nous nous contenterons donc de situer l’objet dans son époque tout en soulignant une de ses caractéristiques et quelques faits anecdotiques. En espérant que la curiosité guidera vos pas jusque chez nous…

Cette suite d’articles est Chronologique, elle commence à la fin du XIV siècle. La richesse des siècles qui suivirent fut telle, que tout le mobilier roman fut remplacé. Dernier témoin de cette époque qui nous a laissé aucun vestige, le closoir de la charpente médiévale qui sera donc, le premier de la série que je me propose de vous présenter.

 

Faisant partie des sites majeurs du gothique catalan, les trésors de l’église peuvent se visiter qu’ en juillet et en août et sur réservation le reste de l’année. Cliquer sur l’image pour plus d’informations. En dehors des heures de visite estivales contactez nous avant de venir afin que nous puissions vous fixer un rendez-vous.

On oublie trop souvent que le moyen-âge  était une période très colorée, témoin ce closoir encastré entre les solives de la charpente médiévale de l’ancien château des templiers. Il faisait parti du décor d’un magnifique plafond peint. Dernier vestige de ce décors il ne nous en livre pas moins une partie de l’histoire de notre village.

Ces six tours et ses trois portes  stylisées représentent l’ancienne forteresse templière. C’est ce petit closoir qui nous a servis à réaliser le logo de notre association.

Vue générale du cœur de l’église: Au centre le retable du rosaire, à sa gauche le retable de St Jean, à sa droite le retable de St Michel et de St Hyppolite. Dans la niche en haut à gauche la vierge ouvrante de Palau del Vidre.

cliquer sur les image: fiche d’Amandine Bantos

 

Retable gothique de la moitié du XV° siècle, c’est aussi le retable des verriers de Palatium Vitri. C’est le maître verrier Pere Montroig  Qui en 1454 passe un contrat avec le peintre Arnau Gassies pour la fabrication d’un retable dédié à ces deux Saints. Pere Montroigt s’est fait représenté en prière au pied de St Hyppolite.

      Le retable de Saint Jean (1461) du Maître de Palau Del Vidre. Très beau gothique d’influence flamande, Les panneaux latéraux nous raconte la vie de St jean dans des décors réalistes et parfois oniriques, la perspective bien que maladroite est présente dans chacune des scènes. Au pinacle une pesée des âmes d’une grande précision, avec des détails pittoresques comme les diableries ou le parterre de plantes au pied du saint. au centre une sculpture de St jean réalisé par l’atelier de maître Raholf, il est présentée au dessus d’un pavement en perspective, nous nous approchons des savoirs la renaissance .

De part et d’autre de la sculpture de st Jean, la vie du saint nous est raconté en six panneaux. Le deuxième panneau en partant de la gauche et qui est celui qui présente cet article, nous montre st Jean exilé dans l’île de Patmos, lieu où il a écrit l’apocalypse, dans le ciel au dessus de sa tête, les visions du saint. Dieu avec une faux, une mère avec son enfant et un dragon qui enserre dans sa queue l’univers étoilé, alors qu’au quatre coins l’île quatre anges musellent les vents ( vision onirique qui aurait pu inspirer un peintre comme Chagall). Ci dessus le pinacle du retable avec une spectaculaire pesée des âmes. Après avoir agrandi l’image, admirer le naturalisme des plantes au pied du st Michel, les détails de la ville qui se trouve entre les chasubles des anges de gauche, le mécanisme de la balance, les détails de la cote de maille et les diableries sur la droite. Au centre de la prédelle, un Christ de misère entouré des accessoire de sa passion: on remarque la position des dés qui nous donne la date de fabrication et le drapeau sur la gauche, lys jaunes sur fond rouge qui représente l’emblème du commanditaire ( peut-être le seigneur d’en Vives, maître des four à verre de Palau). De part et d’autre des scènes de la passion qui nous renseignent sur l’éventail des tenues vestimentaires du XV° siècle.    

Objet rare, depuis leur excommunication lors du concile de Trente.

Ces vierges  qualifiées d’hérétiques ont été détruites. À ce jour ne restent que 48 vierges ouvrantes au monde dont seulement treize de trinitaire comme celle de Palau del Vidre qui a été cachée et préservée par les paroissiens jusqu’en 1648 où on la voie réapparaître dans une niche situé au pinacle du retable de St Sébastien de Tremulas le vieux.

Fermé c’est une vierge à l’enfant.   Le bras droit de l’enfant est articulé, lui donnant ainsi la possibilité de bénir,  dans sa main gauche il tient le globe terrestre. Les statues articlées qui proposent une explication des mystères de la foi sont rares. Elle fonctionnent comme certains retables à volet( triptyques) qui n’étaient ouverts qu’en fonction des évènements liturgiques qu’ils célébraient.

Cette crucifixion est l’œuvre d’un peintre de la fin du gothique et du début de la renaissance. Cette peinture d’une grande intelligence est à la croisée de ces deux cultures. Peinte alors que le Roussillon était envahi par le roi de France (Charles VII), le peintre se sert de cette crucifixion pour évoquer cet épisode douloureux de notre histoire. Le tableau se présente comme une prière que le peintre adressa à Dieu, il s’est lui même représenté. Bien d’autre mystères sont enfouis dans cette représentation qu’il est impossible de développer dans ce blog.

 

Ce personnage peint suivant les codes de la renaissance: le contraposto, attitude qui l’humanise. Il est posé là de dos en avant de la représentation qui elle est de facture gothique. Deux univers qui s’affrontent pour la plus grande gloire de Dieu. Un tableau profondément religieux axé sur le thème de la rédemption. Son haut de chausse au couleur noire et blanche et aux rayures et bandes inversé en font un personnage extraordinaire, voire sacrilège dans la mesure où il détourne le regard du crucifier… Une œuvre énigmatique et pleine de sens comme savaient en peindre certains peintres du moyen âge finissant, à suivre…

 

 

Les calices gothiques sont rares, car en raison du réemploi de l’or ils ont été fondus. c’est parce que celui-ci n’est pas en or qu’il a pu traverser les siècles, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une pièce d’orfèvrerie exceptionnelle: socle lobés caractéristiques de l’époque, deux anges de part et d’autre du pied, auquel il manque les ailes, supportent une coupe qui elle est du XVII°siècle.

 

Autre trésor, cette petite croix reliquaire, qui a été transformée en croix de procession, les trois lobes aux extrémité de la croix bien que de style gothique sont plus tardifs. À défaut d’avoir étés fondus ou volés, ces petites pièces d’orfèvrerie ont subit au cours des siècles plusieurs transformations.

Prédelle du rosaire, elle illustre en cinq panneaux la passion du Christ. Œuvre de la première renaissance l’influence italienne commence à se faire sentir.Pour plus d’information sur cette période vous pouvez visiter le site du centre restauration départemental.

Visite au centre de restauration des membres de l’association du patrimoine: Ci dessous la prédelle démontée avant restauration. Des repeint bleus représentant un décors floral de rosaces baroques recouvraient les peintures  de cette passion du Christ de la fin du gothique et du début de la renaissance catalane. Repeint bleu identique à ceux que vous avez pu voir à l’intérieur du manteau de la vierge ouvrante. 

sites départemental de restauration:http://www.cg66.fr/1728-renaixement-la-peinture-du-xvie-siecle-dans-le-departement.htm

 

 

Le retable du rosaire est une œuvre d’Antoine Peytavi, produite aux alentours des année1580. Peytavi peintre toulousain est arrivé en Cerdagne en 1561 (première des cinq guerres de religion en France). Il a choisi la catalogne comme terre d’asile, il fuyait les protestants qui persécutaient les catholiques dans tout le sud de la France. Son œuvre fut largement influencé par son combat contre les protestants. Ce rosaire de la première renaissance Catalane d’influence Italienne met en valeur les corps et leur puissance, toutes les scènes sont représentées dans des palais luxueux. Plus que le réalisme, c’est la mise en scène des événement qui prévaut afin de garder les croyants au sein de l’église catholique.

La vierge au centre du retable du rosaire date de l’époque Philippe II d’Espagne. De style renaissance, sa robe garnie de feuille d’or ainsi que les drapés lui donnent une allure majestueuse. Malheureusement la peinture des visages a disparue, ainsi que sa couronne. des repeints maladroist enlaidissent le visage de la vierge. Sa main devait soutenir un globe terrestre surmonté d’une croix dont se saisissait l’enfant Jésus dont la main gauche dirigé vers le sol. Ce mouvement descendant de l’enfant de la croix vers le sol, n’est rien de moins que la transmission des grâces célestes vers la terre.

 

La Chape de Palau commandée à Martin Otxoar, brodeur barcelonais, en 1554. Exécuté suivant la technique aujourd’hui disparue de l’or ”nué”, fil d’or, fil d’argent entrecroisées  est une œuvre précieuse, rare et très fragile. Restauré au XVIII° siècle, elle fut depuis lors très peu utilisée. Sont état de conservation est exceptionnel.

Dans la photographie suivante on peut voir une perle de nacre incrustée au centre de la trame. d’autre part on remarque que le fil d’or semble segmenté, en fait il est constitué d’un ruban métallique enroulé autour d’un fil de cuivre et d’un fil d’argent qui en assurent la solidité. Ce ruban est constitué de trois  métaux, ultra-fins qui permettent le tissage de l’or qui serpente sans se rompre.

Ce détail de la broderie représente deux putti de part et d’autre des armoiries de la confrérie de la Sanch de Perpignan; les cinq plaies du Christ.

Le tabernacle d’Honrat Rigau se présente sous la forme d’un petit temple. Destiné à abriter ou à exposer le saint sacrement lors de certaines cérémonies. La sainte hostie était alors placée dans un ostensoir lui même posé au centre du tabernacle pour être livrée à l’adoration. Peint sur toutes ses face, il est aussi richement doré à la feuille d’or, il devait être surmonté d’une couronne ou d’angelots, aujourd’hui disparus. Fait par le peintre le plus renommé de son temps, il est exécuté avec des matériaux précieux, il aurait couté le prix d’une petite maison.

Les Christ la vierge et les saint sont peints avec cette grâce caractéristique de la renaissance, nous avons là un exemple de cette peinture sereine et triomphante typique de la contreréforme victorieuse qui magnifie et célèbre les mystères de la foi chrétienne. Ici, il s’agit du mystère de l’eucharistie.

Nous noterons aussi que Honorat Rigau fut le précurseur d’une lignée de grands peintres Catalans dont le plus célèbre fut Hyacinthe Rigaud le peintre de Louis XIV.

Le retable de Saint Sébastien: lors de sa construction, il a recueillit le tabernacle d’honorat rigaut et grâce à lui la vierge ouvrante revit le jour, certes après un lifting des plus baroque. Bien installée dans sa niche au pinacle, ce retable fut pour elle une passerelle qui lui permit de traverser les siècles sans encombre. Il avait résisté aux assauts du temps, il avait vu le siècle des lumières, traversé la révolution française sans une égratignure, survécu à la séparation de l’église et de l’état, mais il ne résista pas au termites du vingtième siècle et en particulier celle de l’année 1976 qui pour le purifier y mirent le feu. L’époque était à la modernité! L’église fut donc épurée, le maître hôtel débarrassé via Laroque, nos antiques édiles étaient de généreux donateurs, quant-au petit mobilier mystère et boule de gomme…

Photo qui date de 1961 ou l’on peut voir l’ancien mobilier de l’église. Un église qui était bien plus riche qu’elle ne l’est aujourd’hui. En l’espace d’une décennie des décisions catastrophiques ont amputé l’église d’une part importante de son patrimoine, une partie de notre passé est parti en fumée…   

 

Cette statue est une chance, même on se demande ce qu’elle fait dans notre église. D’où vient-elle?, c’est un mystère que nous n’avons pas éclairci. C’est une chance, car elle fait partie de ce qui se fait de plus beau de baroque en Europe à cette époque là. De toute évidence elle doit provenir des ateliers de Joseph Sunyer le grand faiseur de retable catalan. Pour ceux qui aiment ce style, il faut voir le retable de la Vierge de Collioure ou le retable de St pierre à Prades.

Notre St Gélase, sculpté en pleine action, est un de ces saint docteurs de l’église qu’affectionne la contre réforme. À son actif il à au V° siécle réussi à placer le pouvoir de l’église au dessus de celui des rois, et d’autre par il à remplacer certaines fêtes païennes comme celle du bouc qui avait un caractère plutôt pornographique, par des fêtes comme la chandeleur ou la st Valentin, c’est vrai que les romains avaient à l’époque une conception très personnelle du renouveau de la nature et de la venue du printemps, notre pape y a mis bon ordre…

Sinon, on peut admirer la magnificence des drapés qui accompagnent le mouvement; évidement notre pape porte un livre puisqu’il s’agit d’un docteur, au sens large du terme. On regrettera l’absence de la crosse papale qu’il tenait dans sa main gauche et qui accompagnait le mouvement, mais qui surtout équilibrait la composition. Et pour finir on admirera la subtilité de la polychromie.

Harmonie des mouvements, légèreté des sujets, finesse des coloris dorés, bien qu’imposante cette statue qui est à hauteur d’homme semble vouloir prendre son envol vers des ailleurs où elle est attendue. Tout est là: le doré, le merveilleux, le sublime concentré au cœur de chaque statue, de chaque retable pour qu’on adhère aux préceptes de la foi édictée par la contre réforme. Ces retable sont faits pour donner au fidèle un avant goût de ce qui l’attend dans l’au-delà.

 

Curiosités locales: Les articles qui vont suivre nous parlerons d’objets qui ne sont pas classés au titre des monuments historiques: il peut s’agir comme ici d’un objet de culte utilisé lors d’une tradition.

La croix des outrages: Les outrages faits au Christ lors de sa passion sont régulièrement commémorés chaque année le vendredi saint. Les pénitents défilent dans nos villes et portent des mystéris ornés de fleurs qui représentent les scènes de la passion du christ. La procession est ouverte par le porteur de la croix des outrages qui symbolise cette procession, en effet sont représentés sur la croix tous les outrages qu’a subit le christ lors de sa passion.

 

On peut trouver des croix des outrages dans la plupart des villages de notre région, toutes ne sont pas utilisées. Actuellement, la plus célèbre de ces processions se déroule chaque année à Perpignan et ce depuis 1461, des dizaines de capaillettes sont transportées par plusieurs centaines de pénitents, nombreux sont ceux qui marche pieds nus . aujourd’hui des milliers de personnes venues de plusieurs pays assistent à cet évènement qui est devenu une attraction touristique renommée.

 

Christ en croix du XVII, d’inspiration gothique. À l’origine il faisait partie d’un retable du Christ disparu ou il était représenté sur un fond bleu étoilé. Bien que d’une époque différente Ce Christ de souffrance est proche du dévot christ de perpignan dont il semble inspiré. Les os saillant, les mains crispées, la bouche entrouverte qui laisse voir la langue et les dents, le réseau de veines bleues sous la peau finement dessinées en font un Christ qui exprime sa souffrance dans la mort Christ. On est loin de l’univers roman des christ victorieux apaisés et triomphant de la mort

    Ci dessus photo du dévot Christ de Perpignan après restauration par centre de restauration et de conservation du patrimoine du conseil général des PO. Il n’y a qu’a comparer la position de la tête, la forme de couronne d’épine, les mèches de cheveux, l’ouverture de la bouche et la position générale du corps pour comprendre que le sculpteur c’est inspiré de ce modèle tout en le remettant au goût du jour

Curiosités locales: La plupart de nos églises ont des mannequins à l’effigie de Marie. Sortes de poupées qu’on habille et déshabille en suivant les périodes liturgiques. Elle est habillé en noir durant la passion du Christ, en blanc pour le mois de Marie( mois de mai) et en bleu le restant de l’année, le bleu étant la couleur traditionnelle de la Vierge Marie, Une ceinture ou une cape bleue peu suffire.

Habiller et déshabiller Marie est une affaire de femme, il existe dans certaines régions des confréries, notamment en Espagne, chargé de cette opération d’effeuillage, qui est strictement interdite aux hommes et plus particulièrement au curés qui voient cette pratique d’un mauvais œil, car jugée païenne. D’autre part cette vierge a ses bijoux, chez nous des grenats, qui sont conservés au domicile d’une des femmes de la confrérie.

La photo suivante prise le vendredi saint à la cathédrale St Jean de Perpignan, nous présente la Vierge Marie vêtue de ses plus précieux vêtements. Elle est installé sur un luxuriant, mais sobre parterre de plantes vertes en accord avec la tristesse de l’évènement célébré. Entre autre elle porte sur son buste une immense broche qui représente un cœur percé de sept épées qui chacune représentent les sept douleurs que Marie à enduré au cours de sa vie de mère de l’enfant Jésus.

La roue à clochettes (12 moins une de perdue qui symbolise les apôtres), objet de tradition locale, utilise pour le troisième jour de la mort du Christ, son tintement célèbre la joie de la résurrection; dans certaines églises on agite des crécelles.

Les vitraux de l’église de Palau del Vidre datent de la fin du vingtième siècle. Il sont l’œuvre d’un artiste aujourd’hui disparu, François Carpentier Maître verrier à Elne.

Notre village de par son nom évocateur ( Palais du verre, en est sa traduction) à toujours fait parti de l’univers du verre et c’est tout naturellement qu’il à doté son église de magnifiques vitraux.                                                                                                                                                    Très colorés on y devine plusieurs thèmes religieux, les poissons, les épis de blé, des anges ainsi que la lumière céleste. Il on fait l’objet d’une souscription publique.

D’autre sculptures monumentales de verre font aussi partie du décor du village.  

La plupart du mobilier classé de notre église a fait l’objet d’une restauration. Sous la direction de Jean-Bernard Mathon, les tissus, l’orfèvreries, les peintures, les sculptures ont été minutieusement restauré par des spécialistes locaux ou des intervenants extérieurs, et ce, après avoir subi  toutes les analyses nécessaires avant ce type d’intervention.